dimanche 28 mars 2021

Troisième Dimanche du temps de Carême

 

Textes : Ex 20,1-17 ; Ps 18 ; 1 C0 1, 22-25 ; Jn 2, 13-25

Frères et sœurs en Christ, en ce 3ème Dimanche du temps de Carême, nous entrons avec Jésus au Temple de Jérusalem. Des choses vont se passer. Une opération mana mana va se dérouler. Ça va chauffer. Et pourquoi ?

Le temple est devenu un “centre commercial” à but liturgique. Jésus est choqué. Il se transforme en service d’ordre divin pour mettre de l’ordre dans le Temple. L’imagerie chrétienne ne s’est pas privée de représenter cette scène haute en couleur et en mouvements. Jésus, en colère, gros fouet en main, pénétrant dans le parvis du temple, chassant les marchands de colombes, de bœufs et de brebis, jetant par terre les tables des changeurs et renversant les comptoirs. Je suis étonné que les marchands se laisse malmener littéralement sans réagir.

Les marchands de colombe sont traités avec beaucoup plus de gentillesse : « Enlevez cela d’ici ». Sans doute parce que les colombes étaient le « sacrifice des pauvres », le sacrifice de ceux qui, comme Marie et Joseph jadis, ne pouvaient pas se payer brebis et bœuf. Le Christ a déjà opté pour les pauvres, à qui le Royaume des Cieux appartient.

Les vendeurs et les changeurs n’étaient pas nécessairement de mauvaises personnes, des impies ou des cupides. Ils rendaient en réalité un service considérable aux fidèles qui venaient pour « offrir un sacrifice ». Jésus leur reproche de ne pas respecter ce lieu hautement sacré qui est la maison de Dieu. Mais au-delà de ces pauvres agents de commerce et de business, Jésus dénonce un système, celui de la cupidité et du profit déguisée en actions liturgique et sacrificielles, orchestré et savamment entretenu par les véreux chefs du peuple juifs : les grands prêtres, les docteurs de la loi et les pharisiens, sans aucun égard pour le saint sanctuaire. Le Temple est l’orgueil et la fierté de tout bon juif. C’est le lieu de la présence effective et affective de Dieu, le lieu par excellence pour adorer Yahvé, dans l’espérance d’être exaucé. Mais le Temple vient d’être profané et est devenu une maison d’idoles où l’homme détourne son cœur de Dieu au profit de choses bassement terrestres et périssables : ici, la marchandise, l’argent, les ruminants. L’idole est vraiment ce qui occupe et préoccupe l’homme au point de le détourner de l’essentiel et de faire de lui un esclave » (Ex, 20, 1-17). Si Jésus chasse les vendeurs du Temple, c’est aussi pour dénoncer la manière dont certains croyants vivent leur relation avec Dieu. Il faut acheter des animaux, les offrir en sacrifice pour recevoir en échange les faveurs divines. C’est du marchandage qui contredit le caractère gratuit du salut divin.

Le respect de la maison de Dieu.

Devant le geste prophétique de Jésus, les juifs lui posent la question de savoir par quelle autorité il agit ainsi, Jésus répond par une parabole apocalyptique. « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 19). Puisqu’il est lui-même, la présence de Dieu au milieu de son peuple, lorsqu’il parle de la destruction et du relèvement du Temple, il parle de son Corps et prophétise sa mort et sa résurrection. C’est bien ainsi que l’évangile interprète les paroles de Jésus à la lumière de l’évènement pascal.

Frères et sœurs, le respect du Temple que Jésus exige est la preuve de son grand amour pour le lieu où réside son Divin Père. A 12 ans, resté à Jérusalem dans le Temple, pendant que ses parents le cherchaient avec angoisse, Lui, il enseignait les docteurs de la loi, au lieu de s’égarer dans la ville à force de regarder la beauté des immeubles et des objets de la ville sainte. A ses parents, il dira : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché. Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison (ou aux affaires) de mon Père ? ».

Le corps et le cœur du baptisé, nouveau temple divin

Saint Paul disait aux chrétiens de Corinthe : « Vous êtes le Corps du Christ » (1Co 12, 27). Voilà où se fonde l’éminente dignité de l’homme. Plus tard, il affirmera avec plus de conviction : « Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit Saint habite en vous ? » (1Co 3, 16-17). Ainsi, ce n’est pas seulement le « Corps ressuscité de Jésus qui est le nouveau Temple, mais le « corps de tout baptisé ». Nous avons le devoir de chasser de ce temple tout ce qui le rend impur. Le temple qu’il faut purifier, c’est donc notre cœur, afin qu’il soit digne de la présence de Dieu et non pas une caverne de bandits. Notre cœur doit être allégé de toutes les crasses et de toutes les pourritures, pour être le lieu de la rencontre avec Dieu, une maison de prière propre et aérée. Notre corps doit cesser d’être un lieu de futilité, de désordres de tout genre. Cela demande de notre part, un engagement, un changement radical de mentalité. Le corps comme temple de Dieu mérite grand respect. Il faut y croire dès maintenant et s’y atteler.

Malheureusement, il y a de plus en plus des gens qui reprochent à Dieu de les avoir mal créés, à tel point qu’ils ne sont pas à l’aise dans leur corps. En général ce sont les femmes : soit elles sont trop grandes, soit trop courtes, soit trop maigres, minces, soit trop balèze, soit trop noir et il faut se dépigmenter, soit, soit…C’est difficile que Dieu habite dans le corps ou le cœur d’une personne qui se plaint du lever au coucher du soleil. D’autres recourent à la chirurgie esthétique pour parfaire ce qu’il accuse Dieu d’avoir mal fait en eux.

Glorifiez donc Dieu par votre corps (1Co 6, 19-20). La spiritualité du corps a un fondement théologique et nous savons que c’est l’incarnation. Elle détermine désormais le corps du chrétien qui le regarde comme un don et une offrande continuelle qu’il doit faire de lui-même à Dieu à travers sacrifices et louange en permanence. En débarrassant le Temple de ses marchands encombrants, Jésus le purifie et annonce la fin de l’ancien culte des sacrifices d’animaux et inaugure le culte véritable et éternelle en Son propre Corps. Chaque dimanche, le Confiteor (demande de pardon), l’Évangile et la Sainte Communion [sans oublier la confession] deviennent ces « fouets à cordes », efficaces grâce auxquelles Jésus vient changer notre cœur et notre vie, y extirpant l’ivraie et les idoles de toutes sortes (chacun peut lister les siennes : la gourmandise (le manger et le boire), les portables Android et les réseaux sociaux, le non-respect du couvre-feu, le retard, les absences répétées, en classe ou service. (Il y en a qui ont tué tous les membres de leurs familles à force de mentir qu’ils sont est allé à leur enterrement…), la critique et la calomnie faciles, la moquerie, les regards concupiscents, l’infidélité conjugale érigée en norme... Dieu vient nous aider à renverser et détruire le temple de notre orgueil, le sanctuaire de notre égoïsme et nos convoitises ainsi que notre désir de puissance et pouvoir de domination.

Pour avoir la force de détruire tout sanctuaire du péché en nous, nous devons puiser nos énergies dans la Croix du Christ. A l’une de ses sœurs qui lui avait demandé : « Que faut-il faire pour être sûre d’aller au ciel ? Sainte Bernadette Soubirous répondit aussitôt : « Bien faire le SIGNE de la croix, c’est déjà beaucoup ». Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit ! Amen !

 

Abbé Pingdwindé Guy Edmond KAFANDO

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