mardi 1 juin 2021

HOMELIE: SOLENNITE DE LA SAINTE TRINITE 2021

 

Bonjour à tous ! Bonjour à toutes ! Contrairement à Noël ou Pâques, la solennité de la Sainte Trinité ne soulève guère notre enthousiasme ; elle nous emballe très peu pour ne pas dire pas du tout. Pourtant c’est tout Dieu (toutes les 3 personnes) que nous fêtons aujourd’hui.

En fait, avouons-le, nous avons l’impression que la Trinité ça se passe là-haut dans le ciel, sans impact réel sur nos vies ici-bas. Nous avons l’impression d’un mystère qui déborde nos intelligences de sésame. Et c’est vrai, nous nous trouvons devant un mystère à la profondeur insondable. Devant ce mystère, l’esprit humain, notre esprit s’abaisse, s’affaisse et confesse sa faiblesse.

Mais essayons tout de même de le sonder ce mystère qu’on dit insondable ; et là, chose étonnante, nous découvrons qu’il n’y a rien, il n’y a rien d’autre que l’amour. La Trinité c’est d’abord, c’est ensuite et c’est enfin un déploiement d’amour. Voilà tout ce que recèle ce mystère.

Il me semble qu’aujourd’hui c’est la fête des mères. Empruntons-leur le symbole du foyer. La Trinité c’est à l’image d’un foyer unique d’une seule marmite à 3 composantes. Le foyer unique d’une seule marmite dit l’unicité divine, la même essence divine partagée ; les 3 composantes distinctes et congénitalement liées de la marmite traduisent la distinction et la communion des 3 personnes divines.

Et ce foyer est incandescent, la marmite à trois composantes bouillonne ; elle bouillone d’amour au point de déborder :

ü  Le Père, à la base même du foyer est la source même de l’amour, une source inlassablement jaillissante ;

ü  l’Esprit Saint, fait bouillonner toute la marmite divine ;

ü  le Fils, c’est le côté penché de la marmite, par qui la marmite divine de l’amour déborde.

De fait, l’amour bouillonnant de Dieu déborde et se déverse sur nous : dès la création, ensuite à la rédemption. Prenons la création ! Pourquoi Dieu nous a-t-il créés ? La réponse, vous la connaissez : il l’a fait par amour ; pour partager sa vie et son amour avec nous. Et cette création est une œuvre conjointe des trois personnes trinitaires. Toute la Trinité se déploie dans la création ; elle le sera aussi à la rédemption.

En fait, la Trinité ne dort pas pour nous ; d’ailleurs depuis que Dieu nous a créés, il doit avoir le sommeil léger ; il retient son souffle ; il espère que nous resterons dans le giron de son amour ; il espère que nous allons nous laisser mouiller par le débordement de son amour. Mouillé, nous l’avons déjà été.

Le baptême reçu au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit-Saint, comme recommandé par le Christ dans l’évangile de ce matin, nous a plongés dans la marmite bouillonnante d’amour de la Sainte Trinité. Il nous a plongés dans la vie trinitaire : « nous sommes devenus des fils de Dieu », nous rappelle la lettre aux Romains.

Immergés dans cette marmite bouillonnante nous devons devenir nous aussi bouillants. A cette condition, nous deviendrons des miroirs de la Sainte Trinité, des miroirs vivant qui reflètent la Sainte Trinité.

ü  Concrètement, un agent de santé est miroir de la Très Sainte Trinité quand dans un contexte de laxisme général, il s'efforce de soigner les malades avec dévouement et don de soi.

ü  Les mères héroïques dans leur dévouement quotidien jusqu’à l’oubli de soi, le policier ou le militaire qui se sacrifie pour notre sécurité, reflète quelque chose de la Sainte Trinité.

ü  Les enseignants, les plombiers et les hommes politiques qui font preuve d’abnégation, rayonne du mystère d’amour de la Trinité.

Ce sont autant de miroirs vivants de de la Sainte Trinité. Je crois que c’est ce que nous essayons d’être tous les jours : les mamans dans le dévouement quotidien, les papas en se tuant à la tâche pour l’avenir de leurs enfants, le militaire, pour assurer la sécurité, l’infirmier au chevet de son malade…

Miroirs de la Sainte Trinité, nous le sommes déjà, peut-être sommes-nous des miroirs qui ont besoin d’être nettoyés. Frères et Sœurs, allons donc nous abreuver à la source même de l’amour ; allons, nous réchauffer au foyer même du don ; essuyons nos miroirs et rayonnons, rayonnons de la Sainte Trinité ! Qu’il en soit ainsi pour chacun et chacune de nous ! Amen.

 

 

Abbé Pascal KOLESNORE

dimanche 23 mai 2021

Homélie du dimanche de la Pentecôte: Année B

 

Pentecôte du Christ !

       Pentecôte des Chrétiens !

« Puisque l’Esprit  nous fait vivre, marchons

sous la conduite de l’Esprit » (Gal 5, 25)

 

1.    Que veut dire le mot « Pentecôte »

Le mot « Pentecôte » indique que la fête célébrée ce jour-là a lieu cinquante jours après Pâques. L’objet de cette fête a évolué : d’abord fête agraire chez les juifs (fête des moissons, jour de joie et d’action de grâce : Ex 23,16 ; Nb 28, 26 ; Lv 23, 16). Elle commémore par la suite le fait historique de l’Alliance, Alliance qui avait été conclue une cinquantaine de jours après la sortie d’Égypte, célébrée par la Pâque.  La Pentecôte célébrera donc l’anniversaire de cette Alliance. Enfin, la Pentecôte désigne la fête du don de l’Esprit inaugurant sur terre la Nouvelle Alliance conclue dans le sang du Christ.

2.    Pentecôte du Christ

Celui qui a reçu l’Esprit dès sa naissance (né de Marie par la puissance de l’Esprit Saint), celui qui fut conduit au désert par l’Esprit,  qui baptise dans l’Esprit Saint et le feu comme l’a annoncé  Jean le Baptiste, celui qui exulte sous l’action de l’Esprit Saint, celui sur qui repose l’Esprit du Seigneur, consacré par l’onction et envoyé pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, c’est Jésus. C’est lui, en fait qui donne l’Esprit, l’Esprit de Pentecôte. « Au terme des cinquante jours après Pâques, les Apôtres se trouvaient réunis tous ensemble…Tous furent remplis d’Esprit Saint et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit ».  C’est ce que  nous venons de lire dans le livre des Actes des Apôtres. C’est la Pentecôte des chrétiens.

 

 

 

3.     Pentecôte des chrétiens

Envoyés en mission comme témoins de la résurrection du Christ, les Apôtres forment une communauté de vie et d’amour. Constitués en Église, ils sont chargés d’annoncer les merveilles de Dieu accomplis par son Fils. « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Act 1, 8). C’est la Pentecôte des chrétiens qui ne prendra fin que lorsque le Christ reviendra à la fin des temps. Dans l’attente de cet Avènement, nous sommes invités, nous, chrétiens d’aujourd’hui, à annoncer Jésus Christ, Mort et Ressuscité, non seulement par nos paroles mais encore par nos actes. Nous sommes invités à construire un monde de paix, de joie, de justice et d’amour. Sous la conduite de l’Esprit Saint nous sommes invités à abandonner les passions et les convoitises désordonnées de la chair, les pratiques mondaines, les mauvaises mœurs et à vivre en homme et femme de Dieu, religieux et sérieux (Cf. 1 Tm 2, 2). C’est en acceptant de crucifier en nous la chair (c’est-à-dire nos faiblesses humaines), comme le dit saint Paul, que nous pourrons recevoir en héritage le Royaume de Dieu préparé pour nous. Vienne sur nous, en ce jour béni de la Pentecôte, l’Esprit de vérité, de sainteté et d’unité. «Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit» afin d’accomplir chaque jour la volonté de Dieu. Amen !

 

Abbé Charles KALMOGO

jeudi 20 mai 2021

Septième dimanche de Pâque année B

 

Frères et sœurs bien aimés de Dieu, nous avons fêté jeudi dernier l'Ascension de notre Seigneur Jésus Christ. Il a promis à ses disciples l’Esprit, le paraclet, celui qui viendra rendre témoignage à la vérité tout entière. Nous sommes tendus vers cette promesse. Après l’Ascension, les apôtres sont introduits désormais dans le temps de la présence dans l’absence ; cette expérience n’est vécue que par ceux qui aiment. Car l’amour rend présent l’être aimé, même s’il est absent physiquement. Le bien aimé, même parti, n’est jamais totalement absent de notre vie.  Comme on le dit bien souvent, la seule véritable absence, c’est l’indifférence. Ceux qui nous sont chers ne sont jamais totalement absents pour nous. Les grands absents, ce sont les autres, ceux qui nous sont indifférents.

Le temps de la présence dans l’absence est le temps des épreuves ; des épreuves qui doivent vérifier la qualité de notre attachement, de notre fidélité pour le Seigneur, de notre capacité à nous donner entièrement au Seigneur. Le Seigneur, lui, ne peut pas nous abandonner ; n’a-t-il pas dit : Je serai avec vous jusqu'à la fin des temps ! Ou encore je ne vous laisserai pas orphelin. Tout repose ici sur la foi, c’est la foi qui permet aux disciples de prendre conscience que Jésus vit désormais à l’intérieur d’eux-mêmes. Convaincu de cette présence certaine, bien qu’invisible, convaincu que le Christ ne peut pas manquer à sa parole, à sa promesse, ils peuvent s’organiser pour la mission.

La prise de conscience de cette présence intérieure est traduite par la prière avant le choix du remplaçant de Judas : « Seigneur toi qui connais le cœur de tous les hommes, montre-nous lequel tu as pris pour prendre la place dans le ministère des apôtres ». Le Christ ne va pas indexer Matthias ; seulement la prise de conscience de sa présence intérieure, va dynamiser les capacités humaines, de réflexions, de discernement, de décision des disciples. Ces capacités humaines seront animées par un seul objectif : faire la volonté du Christ. Le premier but de la prière des disciples n’est donc pas destiné à obtenir une intervention miraculeuse pour choisir le remplaçant de Judas. Le but essentiel de cette prière, c’est de pouvoir se déposséder de tout autre désir que du désir de faire la volonté de Dieu et non des hommes, à travers ce choix. Fort de cela, ils pourront lire la volonté de Dieu dans les décisions humaines. Cela suppose, il faut le souligner, que l’exercice de nos capacités humaines de discernement, de décision soient toujours branchées sur le dépouillement de soi, sur le renoncement à soi, sur la fidélité à laisser vivre en nous le désir même de Dieu. Mais si nos capacités humaines de discernement sont dirigées par des calculs, par des intérêts louches, ou par cet esprit de cooptation, de népotisme et de complicité qui menace toute institution, il va sans dire qu’on ne pourra pas lire la volonté de Dieu dans nos choix humains. On pourra crier partout que l’Esprit Saint et nous, avons décidé, mais en réalité, il n’en est rien. Il est vrai que le Christ a dit que tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié au ciel et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié au ciel, mais attention, cela suppose une fidélité à la volonté du Seigneur. Si on lie ou on délie sur la terre par calcul égoïste, par intérêt fourbe, ne soyons pas étonnés qu’il délie au ciel ce que nous avons lié et lié ce que nous avons délié. Pour que nos désirs disent le désir de Dieu, pour que nos choix soient le choix de Dieu, il nous faut une grande fidélité à Dieu.  

Bien évidemment, cela n’est pas sans difficulté. Et Jésus en est conscient, d’où cette profonde prière pour demander les grâces essentielles au témoignage de sa parole. « Garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné… » La fidélité est demandée comme une grâce car elle est bien fragile. L’homme fait l’expérience amère de son infidélité : infidélité à ses engagements vis-à-vis de soi-même, des autres et vis-à-vis de Dieu. Tout homme fait sans doute cette expérience, à moins d’avoir reçu une grâce spéciale ! Peut-être que parmi nous il y a des gens qui ont reçu cette grâce-là ! Attention, ce n’est pas une façon pour moi de justifier nos infidélités ! Bien simplement une description d’une expérience que tout homme peut vivre. Toute la Bible, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse est traversée d’expérience d’infidélité de la part du peuple et particulièrement de ceux à qui le Seigneur avait confié une mission ; d’un bout à l’autre, il y a cet appel constant à la fidélité au Seigneur ; fidélité à la foi, fidélité au nom de Dieu.

Jésus, lui, a été fidèle à son Père jusqu’au bout. C’est cette grâce de la fidélité à son Père qu’il demande pour ses disciples. C'est important, car il ne peut y avoir de véritable témoignage de foi que dans la durée, que dans la fidélité à l’enseignement reçu. C’est le message du Christ, et le message du Christ c’est de nous aimer les uns les autres. Et notre amour pour les autres est le signe de notre fidélité au nom de Dieu. Comme nous le rappelle la deuxième lecture, Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et nous en lui. Être fidèle à quelqu’un, c’est demeurer en lui, et lui en nous.

La fidélité forge l’unité sans laquelle la Bonne Nouvelle ne peut pas porter du fruit. La fidélité aux mêmes valeurs, à la même foi est gage d’une unité véritable. La fidélité tend à l’unité, pousse à l’unité, conduit à l’unité. Un couple ne peut pas par exemple être uni dans l’infidélité, au contraire, l’infidélité est bien souvent cause de désunion.  Une communauté ne peut pas être unie dans l’infidélité aux valeurs qui sous-tendent leur vivre ensemble.  

« Garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage pour qu’ils soient un, comme nous-même ». La fidélité est en vue de l’unité. Le message de l'évangile ne peut être transmis que par des croyants unis par les liens de l'amour, unis par la même foi, la même charité et par la même espérance. Si la fidélité est en vue de l’unité, l’unité est en vue du témoignage. Ce qui veut dire que l’unité n’est pas un but en soi ! L’unité est en vue du témoignage, nous n’avons pas à la rechercher pour elle-même ; l’objectif, ce n’est pas l’unité d’abord, l’objectif est que par cette unité, le monde croit. Nos désunions, nos divisions, nos querelles, nos refus de communion détruisent nos capacités missionnaires et pire, elles sont un contre-témoignage certain, scandaleux.

Le message de l'évangile ne peut être transmis que par des croyants unis par les liens de l'amour. Comment annoncer une parole d’amour alors que ceux-là même qui l’annoncent se comportent en chiens et chats. Comment être témoin du Dieu d’amour dans le monde si tous ceux qui l’invoquent ne s’aiment pas entre eux, au contraire couvent une haine viscérale ? Une haine qui sape l’œuvre missionnaire. L’unité n’est pas cessation de la diversité, ce n’est pas absence de diversité. La diversité est signe de richesse parce que créatrice, alors que nos différents, nos querelles sont un signe de pauvreté à la fois spirituelle et humaine. La haine appauvrit l’humanité, elle la détruit. C’est ainsi que le pape François dans sa lettre encyclique sur la fraternité et l’amitié sociale affirme au paragraphe 261, que « toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal ». 

L’unité ne se construit pas sur le mensonge ! Le mensonge est un terrain mouvant ; tout ce qu’on y construit s’effondre. L’unité qui est absolument nécessaire dans l’annonce de la Bonne nouvelle se construit dans la vérité : « Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés dans la vérité ». La vérité est la parole du Père, c’est-à-dire la révélation de l’événement de salut par et dans Jésus. C’est cette parole qui nous permet de participer à la sainteté de Dieu. Participer à la sainteté de Dieu ne signifie pas abandonner le monde, mais l’habiter pour le transformer, et ainsi aider les hommes à découvrir leur sauveur, Jésus Christ.

Demandons au Seigneur de nous envoyer son Esprit pour que unis les uns aux autres, nous puissions rendre témoignage à la vérité, la Parole de Dieu. 

 

Abbé Théophile GODO